Cancer du sein : la tatoueuse engagée Alexia Cassar

Alexia Cassar est de ses personnes dont le monde a besoin ! À 40 ans, celle qui a travaillé dans le domaine du cancer en tant que chercheuse a procédé à un changement de vie radical. Reconvertie dans le tatouage, elle dédie son activité aux femmes qui ont subi un cancer du sein et leur propose son art dédié à la reconstruction mammaire.

Une mobilisation payante

C’est une épreuve que personne ne devrait vivre qui a poussé Alexia Cassar à changer de vie : la maladie de sa fille, une leucémie diagnostiquée alors que l’enfant n’a que 10 mois. Déjà très au fait de ce qui se fait en oncologie, chercheuse passée un temps par l’industrie pharmaceutique, la jeune femme décide d’abandonner sa carrière pour se consacrer à l’art du tatouage, mais pas n’importe lequel. Inspirée par l’américain Vinnie Myers, initiateur d’une technique unique, le tatouage 3D de reconstruction mammaire, elle se lance en France grâce au soutien de nombreuses personnes. Le milieu médical, dont le centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy et l’Institut Curie, salue son envie, les internautes aussi. Alexia lance un appel aux dons sur le site de financement participatif KissKissBankBank afin de pouvoir ouvrir le premier salon de tatouage 3D dédié à la reconstruction mammaire et ça marche ! Il y a quelques jours, le 11 septembre 2017, le salon The Tétons Tattoo Shop a vu le jour à Marly-la-Ville dans le val d’Oise.

Le tatouage 3D, c’est quoi ?

Le tatouage de reconstruction mammaire existe déjà. À l’hôpital, des patientes en reconstruction mammaire peuvent profiter de l’expérience d’infirmières et internes formés à la dermopigmentation médicale, qui procèdent au dessin des aréoles. L’inconvénient, c’est que cet art se fait au sein du milieu médical justement, un univers que la majorité des anciennes malades a du mal à accepter. Si certaines esthéticiennes sont formées à ces techniques, tout comme quelques salons de tatouages classiques, le manque d’intimité et les lieux qui ne prêtent pas vraiment à un acte aussi « psychologique » ne sont pas une solution idéale. Voilà pourquoi elle choisit d’ouvrir son propre salon. Elle est aujourd’hui la seule spécialiste en Europe.

Contrairement au tatouage de reconstruction classique ou au tatouage médical, le tatouage 3D de reconstruction utilise des pigments permanents qui ne vont pas s’estomper avec le temps. De plus, la technique du dessin 3D se définit par son réalisme. Après une formation auprès de la tatoueuse américaine Stacie-Rae Weir, Alexia a appris à adapter ce réalisme à ses dessins et offre une alternative aux patientes qui hésitent à passer par la reconstruction médicale du téton (prélèvement de lambeaux de peaux au niveau des parties intimes, greffées sur le sein).

Une séance se déroule de façon très précise. Alexia explique ne pas vouloir banaliser son geste, c’est pourquoi en parallèle de son activité, elle continue d’assister à des conférences médicales afin de faire connaître son alternative. Après échange de mail ou par téléphone, la tatoueuse rencontre sa cliente. Le rendez-vous dure en moyenne 4heures, le temps de raconter son parcours et de définir le type de dessin souhaité. Après sélection des pigments, afin que le tatouage colle au maximum à la couleur initiale des mamelons, la séance dure environ 30 minutes. 3 mois plus tard, il est temps de retoucher au besoin, et c’est terminé !

Comme elle l’explique, la découverte de leur corps par ces femmes après la séance est très émouvante : « J’en ai des frissons à chaque fois que j’en parle. Vous les voyez arriver souvent courbées, elles se déshabillent sans même se regarder. Mais lorsqu’elles se découvrent dans le miroir, elles s’ouvrent, littéralement. Ce moment-là n’a pas de prix. »

Une initiative saluée par tous, et qui espérons fera des émules.

 

 

Laure Vidal

Journaliste Web Plutôt portée sur le #lifestyle et les #voyages mais je suis d'autres domaines ponctuellement

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